Guide de poche du bureau-jardin

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La nature en ville longtemps circonscrite aux parcs et jardins esthétisants et hygiénistes du XIXème siècle, regagne du terrain urbain. Notamment la nature sauvage ( indigène ou acclimatée) et mellifère. Agriculture urbaine, forêts citadines, toits verts et murs d’immeubles végétalisés, jardins partagés, friches fleurissent depuis quelques années mais quid des entreprises ? Bien que l’aspiration à plus de vert en ville soit indéniable, la végétalisation en entreprise reste un sujet nébuleux, voire dévoyé et difficile d’accès pour les débutants. Par où commencer ? Pourquoi, comment ? On vous livre ici un petit précis de végétalisation à l’usage des agences, startup, hôtels, cafés, restaurants, commerçants, tiers-lieux et bureaux en tout genre.

Photo by Daphné Be Frenchie on Unsplash
Le Parc Monceau à Paris. Photo: Daphné Be Frenchie de Unsplash.

À quoi bon ?

Commençons par y voir clair. Depuis quelques années, les initiatives d’agriculture urbaine –  comme Topager, La Sauge ou encore Pépins Productions – se développe notamment soutenus par les Parisculteurs pour la capitale. A Paris, le toit de l’hôpital Robert Debré accueille une ferme florale, celui de la Poste de La Chapelle un potager cultivé par la communauté Facteur Graines rejoint par les Fermiers Généreux sous la ligne 2 du métro. Les jardins partagés, les bâtiments végétalisés poussent aussi sur le béton parisien. Jetez un oeil à la Tour de la Biodiversité du 13ème arrondissement si le coeur vous en dit. Les espaces publics se verdissent. Soit mais qu’entend-on par nature en ville ? Fait-elle un retour ou n’a-t-elle jamais été si présente ?

Selon Pierre Clergeau, professeur au Muséum d’Histoire Naturelle, la ville ayant écarté la nature, il est plus juste de parler de création de nature en ville que de retour. Comme ailleurs, la nature ne se résume pas à une somme d’espèces végétales et animales mais plutôt à des écosystèmes sinon vertueux, du moins équilibrés. En clair, une capucine seule sur son balcon devient intéressante quand un bourdon vient la visiter, explique l’écologue au Muséum d’Histoire Naturelle, dans une somme sur la végétalisation urbaine publiée par l’Essec. La biodiversité pensée globalement devient fonctionnelle, et, par là utile.

Mais quid des espaces intérieurs privés et notamment des entreprises ? Ceux-ci sont souvent ressentis comme des lieux où la nature est absente, voire anti-naturels. On pense aux plantes artificielles de comptoir d’accueil qu’on a tous croisé une fois ! Il est temps de repenser la morphologie des espaces de travail pour répondre tant aux enjeux collectifs du changement climatique, qu’à nos aspirations individuelles à plus de vert. 

Entreprise, pourquoi végétaliser ? 

On ne se recensera pas ici toutes les études soulignant les bienfaits des plantes sur notre santé tant physique que mentale, elles sont légion. Stress, troubles cardio-vasculaires, respiratoires et attentionnels, on se porte mieux entouré de vert. Plus aucun doute la dessus. Concentrons-nous sur les bénéfices qu’une entreprise, qu’un commerce, qu’un lieu de travail trouvera à verdir ses espaces.

Un cadre de travail bienfaisant 

En premier, l’attractivité ! Bien qu’il faille rappeler que toutes les plantes, et autres bénéfices physiques perdront leurs vertus au sein d’un management nocif, un environnement de travail vert séduit les recrues potentielles et fidélise les habitants du lieux, qu’ils soient collaborateurs ou indépendants. Le contact de la nature dans l’espace de travail, permet également de raréfier l’absentéisme. Selon Hortense Serret, docteur en écologie : « 10% des absences d’employés peuvent être attribuées à une architecture sans aucune connexion avec la nature » (étude à consulter ici en intégralité).

 

L'intérieur de l'hôtel Kube à Paris débordant de plantes d'intérieur dépolluantes.
L’intérieur de l’hôtel Kube à Paris débordant de plantes d’intérieur dépolluantes. Végétalisation: Lili Garden Photo: Celeste Images

Des espaces peuplés d’espèces variées – et pourquoi pas aromatiques ? – permettent aussi de créer des liens entre collègues. On pense aux potagers, houblonnières et autres vergers d’entreprise. 

Certains pionniers poussent la réflexion au delà du décor pour produire eux-mêmes la matière première nécessaire à leur activité. C’est le cas d’Aurélia Wolff, fondatrice de WHOLE, lauréate de la troisième édition du concours Pariculteurs pour sa fabrique parisienne de teintures végétales qui – joie, bonheur et roulement de tambours – a fait appel à Lili Garden pour concevoir et créer le premier jardin tinctorial parisien. La suite au prochain épisode (un peu comme une série !).  

Croquis de recherche pour le jardin de tinctoriales de Whole . conception: Lili Garden
Croquis de recherche pour le jardin de tinctoriales de Whole . conception: Lili Garden.

C’est le cas aussi des laboratoires Boiron et du groupe BETC à Pantin qui ont planté leurs terrasses d’aromatiques, de fruitiers et de houblons pour brasser leurs bières artisanales. 

Concrètement, comment se lancer ?

Que vous envisagiez de créer un cadre bienfaisant ou de produire une partie de votre matière première, il serait vain de passer un coup de crayon vert si la démarche elle-même ne veille pas à son impact environnemental. Inutile de créer un décorum vide de sens !

Choisir et habiller son espace 

Votre toit et / ou votre terrasse, si vous en possédez peuvent bien sûr accueillir un mini-jardin mais ne vous limitez pas !  Les extérieurs sur rue aussi sont végétalisables :  glycine,  jasmin, lierre, passiflore… Les plantes grimpantes créent de magnifiques murs végétalisés économiques qui habillent une façade, l’isolent du froid et de la chaleur et abritent et nourrissent une foule d’oiseaux et d’insectes.

En intérieur, vos bureaux offrent des possibilités insoupçonnées, regardez les murs et plafonds habillés de l’espace de bien-être Les Liens ci-dessous.

Des plantes dépolluantes du sol au plafond pour l'espace de bien-être Les Liens à côté de la Place de la République à Paris.
Des plantes dépolluantes du sol au plafond pour l’espace de bien-être Les Liens à côté de la Place de la République à Paris. Végétalisation: Lili Garden, Photo Celeste Images

Amusez-vous à recouvrir vos poteaux et plafonds avec des plantes grimpantes sur des câbles. Utilisez les niches, étagères et poutres pour fixer des suspensions plantées. Et pensez à la création de mobilier végétalisé: plan de travail et phone box avec des bacs à plantes intégrés par exemple. 

 Un Phone-Box envahi par le lierre, chez Unibail-Rodamco, Végétalisation: Lili Garden, Photo: Celeste Images
Un Phone-Box envahi par le lierre, chez Unibail-Rodamco, Végétalisation: Lili Garden, Photo: Celeste Images

Enfin, soignez les oiseaux en leur offrant un nichoir et des graines sur vos appuis de fenêtre.

Penser local 

Une règle d’or pour limiter son empreinte écologique : choisir des variétés produites localement. De nombreuses plantes d’intérieur (donc tropicales !) sont très faciles à bouturer et peuvent être produites à l’intérieur ou dans une serre. Voici une liste non exhaustive de sources d’approvisionnement en région parisienne : 

Misez sur les variétés dépolluantes comme : Chrysalidocarpus lutescens, Chlorophytum comosum, Nephrolepis exaltata ‘Bostoniensis’, Hedera helix, Scindapsus etc, à admirer ci-dessous dans la boutique végétale des Liens à République. 

Habillage végétal dépolluants pour Les Liens.
Habillage végétal dépolluant pour Les Liens. Végétalisation: Lili Garden, Photo: Celeste Images

 

Des matériaux et un chantier à faible impact écologique 

Privilégiez la récupération : caisses de vins, vaisselle ancienne, boîtes de conserves, tout est réutilisable. Si vous devez construire des bacs, sélectionnez des matériaux français comme le contreplaqué marine Tebopin, des bois locaux (douglas, mélèze, acacia, châtaigner) et pour remplir les bacs de lombricompost ou terreau sans tourbe  Moulinot ou Florentaise, utilisez des rétenteurs d’eau : paillage en tout genre, biochar, ou polyter et préférez moins de grands sacs plutôt qu’une ribambelle de petits. Vous limiterez ainsi les emballages. 

Et pourquoi ne pas installer un composteur ou un lombricompost à l’intérieur de votre entreprise ? Vous pourrez diminuer jusqu’à 30% vos déchets. L’Entreprise Moulinot collecte, composte et méthanise les déchets alimentaires des entreprises. Si vous souhaitez en savoir plus c’est ici !

Enfin, réfléchissez bien au temps que vous pouvez consacrer à votre projet: qui en assurera l’entretien ? Dessinez un plan, commencez petit et prenez le temps d’observer les plantes qui s’épanouissent et habitent l’espace en harmonie avec leur entourage. Si vous avez des questions, un projet, un doute, une idée ou une pensée à nous partager, écrivez-nous à contact@liligarden.fr. On est toujours contentes de parler végétalisation des entreprises, plantes de dépolluantes bureaux et jungle office !

Charlotte Richard